Avec l’arrivée de l’Arteon, Volkswagen réalise une entrée fracassante sur le marché du premium. La nouvelle berline coupé de Wolfsburg a été programmée pour aller chasser sur les terres des Audi A5 Sportback, BMW Série 4 Gran Coupé…
Les desseins de ses concepteurs peuvent sembler démesurément ambitieux. Mais on se rend compte, dès la prise en main de l’Arteon, que cela ne relève pas du vœu pieux ou du fantasme, et encore moins de la présomption ! En fait, la certitude que cette berline fastback a un coup à jouer face aux rivales précitées gagne quiconque pose son regard sur elle. Nous en avons eu le cœur net en organisant un mix de test clinique et de micro-trottoir autour de l’objet de ce qui nous réunit sur cette double page : – «Tu remplaces son logo par celui d’un constructeur allemand à l’image de marque plus luxueuse, ça passe crème», indique un heureux bachelier «frais émoulu». «Pour moi, ce modèle est très clairement une déclaration de guerre à l’encontre d’Audi. L’intérieur du véhicule n’a rien à envier à celui de mon A5 (de première génération, Ndlr)», renchérit sa génitrice.
Que reste-t-il à l’Audi A5 Sportback (et aux autres modèles premium) ? C’est la question lancinante qui sous-tend le présent essai.
Avec son design fortement inspiré du concept Sport Coupé GTE, présenté au salon de Genève en 2015, le supplément de sex-appeal par rapport à la Passat, mais aussi par rapport à la berline coupé sortante, la CC, saute aux mirettes.
«Bouffée» par une calandre monumentale à barrettes horizontales, qui annexe en partie feux et bouclier avant, la face avant est aussi statutaire qu’agressive. L’Arteon en impose aussi avec son long capot généreusement nervuré, sa ligne de caisse surélevée et ses lignes de force marquées qui contribuent, avec le concours du pavillon rabaissé, fuyant, et des passages de roues bodybuildés, à muscler la silhouette et à «diluer» son gabarit imposant !

Impeccable sur toute la ligne
L’attention est aussi monopolisée par les feux à LED effilés, par les superbes jantes de 18 pouces de notre modèle d’essai, «Ze» bien nommée Elegance, ou encore, détail dont on ne se rend compte qu’en délourdant la portière, par les vitres latérales façon coupé, dépourvues qu’elles sont d’encadrement.
Sans transition, la leçon administrée par Wolfsburg se poursuit à bord. Lovés dans les sièges mi-cuir, mi-Alcantara, de notre modèle d’essai, enveloppants et dont l’amplitude des réglages (semi-électriques) permet de se concocter une position de conduite au poil, l’heure est à la contemplation, quand bien même l’ambiance intérieure nous est familière, l’Arteon ayant hérité de la même planche de bord que l’actuelle Passat.
C’est le seul bémol qu’appelle cet habitacle à la finition irréprochable et à la présentation soignée au possible : volant à léger méplat et à jante large, combiné d’instrumentation intégralement digital Active Info Display, système d’infodivertissement à la connectivité honorable, géré par un écran tactile central de 8 pouces facile de «préhension», applications en bois précieux gris au rendu proprement superbe, pédalier alu… Notre voiture d’essai est très convenablement équipée. Il faut dire que c’est le haut de gamme dans la catégorie 2.0 TDI 150, complétée par les finitions Advance et Business.
L’habitabilité est généreuse, ce que ne laissait pas du tout présager l’allure de coupé. L’espace aux jambes au niveau de la banquette arrière n’est pas compté, mais c’est la garde au toit qui force le respect. Pas de risque de scoliose pour des adultes longilignes ! La générosité est aussi de mise du côté du coffre, auquel on accède par un hayon fichtrement pratique et qui, pour ne rien gâcher, dispose d’un seuil de chargement très bas. Sa capacité de chargement est de 563 dm3 (480 dm3 pour la cousine d’Ingolstadt), extensible à 1 557 dm3.

Super à l’aise !
Ces «largesses» sont le fruit de l’adoption de l’une des versions les plus longues de la fameuse base roulante modulaire MQB, étrennée en 2012 par l’Audi Q3 et la Golf actuelles. Par rapport à la berline du clan, la Passat, l’Arteon présente un empattement allongé de 5 cm. En fait, de tous les (nombreux) modèles bâtis sur la plateforme en question, seule la Skoda Superb la dépasse d’une courte tête (quelques millimètres d’écart), tant en longueur qu’en matière d’empattement.
Cela dit, c’est au volant que se perçoit le véritable bénéfice de cette plateforme. Bien qu’elle affiche, à motorisations égales, près de 200 kg de plus que la Passat sur la balance. C’est considérable, mais quasiment imperceptible. L’efficacité au volant et les sensations de conduite n’en sont presque pas altérées. La direction est un modèle de précision et les remontées d’informations sont des plus utiles quand la route serpente et que le rythme s’emballe.
Admirable de discrétion et de douceur en ville, le 2.0 TDI affiche un autre visage quand le pied se fait plus lourd sur le champignon. La sonorité se fait plus présente, sans être envahissante, tandis que la boîte DSG à double embrayage à six rapports, livrée de série, égrène les rapports avec dextérité. En revanche, si elle est impériale sur autoroute, la suspension se révèle être un poil trop sèche, trop sportive, quand l’asphalte n’a rien d’une mer d’huile.
Chacun des 470 000 DH que réclame l’Arteon Elegance est justifié, comme l’est le supplément par rapport à la version d’appel Advance, commercialisée pour sa part à 380 000 DH, ou par rapport à la finition intermédiaire Business (410 000 DH). Enfin, il faut consentir un supplément de 100 000 DH pour accéder à l’univers de l’Arteon R-Line, «racing» et «ultra premium» à la fois.
