La vogue du néo-rétro bat son plein au sein de la tribu des motards et, afin d’en tirer profit, Suzuki tire de son fourreau cette GSX-S1000 Katana, réinterprétation très libre et «tranchante» d’une légende des années 80.
Quand elle a voulu… «Kill Bill» et son clan, Black Mamba s’est d’abord équipée comme il se devait. Elle a commandé au forgeron Hattori Hanzo, homonyme d’un célèbre et féroce ninja et samouraï du seizième siècle, un katana dont lui seul a le secret.
Certes, c’est une Kawa ZZR 250 qui apparaît dans un autre des temps forts du chef-d’œuvre sanguinolent de Quentin Tarantino. Mais, dans la scène décrite plus haut, on peut déceler – avec une bonne dose d’imagination, il est vrai – une métaphore de la démarche commerciale menée par Suzuki à la fin des années 70. Avec le directeur du marketing de Suzuki Allemagne, Manfred Baecker, dans le rôle de la blonde revancharde et super balèze, la société Target Design dans celui de «Oni Hanzo» (Hanzo le démon) et les rivaux du constructeur de Hamamatsu (rien à voir avec la station balnéaire tunisienne) dans ceux de Bill et de sa clique ; dans celui des victimes découpées en rondelles, en d’autres termes.

A cette époque, les chiffres de vente de Suzuki n’en finissaient pas d’inquiéter alors que, paradoxalement, les bécanes arborant le S stylisé en hiéroglyphe de l’alphabet kanji (un des trois alphabets japonais) jouissaient d’une excellente réputation, largement à la hauteur techniquement.
C’est au niveau du design que le bât blessait. Et c’est précisément à ce niveau qu’est intervenu le département marketing de Suzuki Allemagne, qui a fait alors appel à un bureau de style, Target Design, donc, structure au sein de laquelle travaillait un certain Hans Muth, designer, entre autres, des BMW R65 et R90. Ainsi naquirent les très tranchantes Suz’ 550 et 650 Katana.
Cela dit, la GSX-S1000 Katana est un hommage néo-rétro à la GSX 1100 S Katana. Cette dernière, qui figure en bonne place dans le «hall of fame» de la marque, notamment en compagnie de la 750 GSX-R de 1985, a vu le jour en 1980, soit la même année que ses frangines aux moteurs plus menus. Mais elle s’en différencie à plus d’un titre. Dotée d’un carénage façonné dans les souffleries de Pininfarina et donnant à voir des lignes épurées, taillées au sabre, bien entendu, la Katana se démarquait également en embarquant une selle offrant une position de conduite révolutionnaire, étudiée pour que le motard fasse corps avec sa machine, la 1100 GSX Katana a marqué son époque. A tel point qu’aux Etats-Unis, les GSX-F ont gardé l’appellation Katana. Aujourd’hui, c’est le come-back universel de ce nom de baptême prestigieux.
Esthétiquement, la GSX-S1000 Katana se montre fidèle, par endroits, à l’esprit de sa glorieuse aînée avec son phare bien carré, encadré par les diagonales de la tête de fourche, ou encore son réservoir très profilé.
En revanche, au plan de la philosophie, on ne peut pas dire que l’influence est patente. Comme sa devancière, la nouvelle Katana a été extrapolée d’un gros roadster de la gamme. Mais elle n’a pas été métamorphosée en Sport-GT, cette fois. On a encore affaire à un roadster, doté d’une position de conduite plus décontractée.

Comme un bon vieux Kurosawa…
Moteur et cadre périmétrique en alu proviennent de la GSX-R 1000 MY 2015, à l’instar du 4-cylindres de 999 cc (hérité d’une ancêtre plus immémoriale, la GSX-R1000 de 2005), qui développe 150 chevaux, du système de freinage, des suspensions Kayaba. La Katana hérite aussi de l’antipatinage, de l’ABS et des trois modes de conduites de la «Gex 1000» lancée il y a un peu plus de trois ans.
Aussi ragoûtante soit-elle, cette Katana n’est, tout bien pesé, qu’une GSX au carénage vintage. Elle présente des différences de taille par rapport au modèle pris pour base, comme sa selle, surélevée de 15 mm pour atteindre une hauteur de 825 mm, ou son instru LCD inédite. Enfin, malgré une surcharge pondérale de 5 kg, elle demeure néanmoins drôlement affûtée, la balance affichant 215 kg (tous pleins faits).
Dévoilée à l’Intermot de Cologne (Allemagne) début octobre, cette Suz’ devrait débarquer prochainement sous nos latitudes.
