Son nom fait référence au plus gros diamant brut jamais découvert, une pierre de 3 106 carats, soit 621 grammes ! Mais le Cullinan, premier SUV de Rolls-Royce, brille-t-il pour autant ? Eléments de réponse.
Après avoir été épié, coursé et surpris, à quelques reprises, par des photographes espions au cours de sa phase de développement (tout de stickers grimé), sur le Nürburgring, entre autres, le premier SUV de Rolls-Royce, qui est accessoirement le sixième modèle de l’ère BMW, a récemment été révélé.
Impossible de ne pas dresser un parallèle entre ce Rolls-Royce Cullinan et le récent mariage du prince Harry, duc de Sussex, avec l’actrice américaine Meghan Markle. Car ce SUV, c’est, quelque part, l’union du spirit of Ecstasy et d’une carrosserie «roturière», utilitaire, «rock n’roll»…
A côté de ce Cullinan, la plupart des SUV de la production mondiale n’ont guère plus d’éclat que de l’oxyde de zirconium – plus célèbre ersatz de synthèse du diamant. En fait, abstraction faite du Bentley Bentayga et du Lamborghini Urus, aucun autre SUV ne peut prétendre rivaliser avec cette nouvelle Rolls-Royce en matière de distinction, d’opulence et d’exclusivité.

Selon ses concepteurs, nous avons même affaire au SUV le plus luxueux et le plus exclusif du marché. Ça tombe sous le sens, sachant que le Cullinan dérive étroitement de Son Altesse Rolls-Royce Phantom VIII. En effet, le SUV au Spirit of Ecstasy repose sur la plateforme modulaire en aluminium étrennée par la limousine de la famille, baptisée (pompeusement) «Architecture of Luxury».
Esthétiquement, les liens de parenté avec la Phantom sont flagrants. Au niveau de la face avant, les feux rectangulaires, comme la calandre en forme de fronton de temple grec, jouent la carte du mimétisme. La partie arrière est un peu plus originale, qui donne à voir des feux plus ouvragés que ceux de la Phantom, mais aussi un becquet de coffre, tandis que le profil s’offre plus ou moins le même ourlet de chrome au niveau de l’encadrement des vitres. Enfin, à l’instar de toute sa famille, le Cullinan dispose de portières à ouverture antagoniste (Suicide doors) !

Gabarit XXL
Mesurant 5,34 m de long et 2,16 m de large, le SUV de Goodwood domine assez largement, en termes de gabarit, son rival le plus direct, le Bentayga (5,16 m de long et 2 m de large), mais aussi tous les autres SUV du moment. Evidemment, cela impacte fortement l’habitabilité, dont un pro de l’euphémisme vous dirait qu’elle est royale. En revanche, le volume du coffre n’en profite pas vraiment puisqu’il est de 560 dm3 ou de 600 dm3 en fonction des versions (banquette arrière ou deux sièges individuels).
La présentation intérieure est, à peu de choses près, la copie carbone de celle de la Phantom. Traduisez : elle tutoie la perfection. Le volant est scrupuleusement le même, tandis que la planche de bord et la console centrale ont bénéficié de retouches subtiles visant à apporter un brin de singularité à l’ensemble.
Tradition maison oblige, les matériaux ont été passés au tamis de l’excellence : peaux et bois précieux, touches de chrome bien senties… Entre le ciel de toit «Starlight», serti de LED pour un effet nuit étoilée, le minibar avec verres et flûtes en cristal, ou encore le système multimédia «state of the art», on évolue en terrain connu. Il n’empêche qu’on ne peut que s’incliner devant tant de pompe et de raffinement !

Communément qualifiés de «Rolls des champs», les Range Rover devront se trouver un autre sobriquet ! Aussi luxueux soient-ils, les SUV de Solihull affichent un déficit de noblesse assez sensible par rapport au premier SUV de Goodwood.
Pour clore le chapitre de l’habitacle, sachez que ce SUV abaisse de 40 mm sa hauteur de caisse à l’arrêt, et ce dans le dessein de permettre un accès plus aisé à son bord. Une fois les passagers installés, la suspension pneumatique se charge de faire revenir le véhicule à sa hauteur initiale !

Diamant polyvalent
Malgré tous ses atouts, le Cullinan aura fort à faire pour se mettre dans la poche les gardiens du temple Rolls-Royce, réfractaires au côté iconoclaste de ce SUV. Il dispose pourtant du même châssis et du même V12 que la Phantom (et que la BMW Série 7), un bloc de 6,75 litres de cylindrée développant 571 ch et un couple maxi de 850 Nm (soit 50 Nm de moins que la limo’).
Le Cullinan hérite aussi de la transmission automatique ZF à 8 rapports de la Phantom, boîte de vitesses qui est secondée par un système satellitaire pour une meilleure gestion du passage des vitesses. Il reprend également ses quatre roues directrices et sa suspension pneumatique «Magic Carpet Ride», assistée elle aussi par GPS et par deux caméras afin de lire la route, d’anticiper ses irrégularités et de les lénifier.

Mais le SUV à la Flying Lady prend ses distances grâce à ses quatre roues motrices, à sa garde au sol surélevée (et variable) et à son mode de conduite «hors-piste», qui lui permettent, entre autres, de franchir des gués jusqu’à 540 mm. Alors, il n’est pas certain que les heureux propriétaires du Cullinan aient le cœur de plonger dans des terrains inhospitaliers ce 4×4, qui s’affiche à partir de 325 000 dollars U.S. (3 millions de dirhams environ). Mais, au moins, il peut potentiellement «crapahuter» n’importe où et s’en sortir avec les honneurs !