Jeep n’est pas une marque comme les autres. Typiquement spécialisée dans les 4×4, elle a toujours véhiculé l’image de la robustesse, de l’authenticité et de l’évasion.
Dès son entrée en guerre contre les pays de l’Axe (Allemagne, Italie et Japon), l’armée américaine avait décidé en 1940 de se doter d’un véhicule léger de reconnaissance. Elle a lancé à ce sujet un appel d’offres dont le cahier des charges exige un modèle à carrosserie rectangulaire, quatre roues motrices, un pare-brise rabattable, des feux de croisement et des phares longue portée, un poids de 590 kg et une capacité de chargement de 227 kg (dont une mitrailleuse et un équipage de trois hommes).
Le modèle retenu en octobre 1941 est celui produit par l’entreprise Willys MB. Il est à l’écart par rapport aux spécificités exigées notamment en ce qui concerne son poids qui frôle la tonne. La contrainte de temps oblige, l’option de lancement d’un nouvel appel d’offres a été rejeté. Rapide, pratique, facile à entretenir, l’engin devient «la voiture à tout faire de l’armée US». Connu pour sa couleur vert olive, le véhicule aura droit à de nombreuses variations : transport de troupe, ambulance, commandement, transmission… Très rapidement, ce petit véhicule est surnommé Jeep. L’origine de cette appellation est controversée, mais la plus fiable est celle dévoilée par un film de propagande en 1943, qui fait référence à «General Purpose» dont les initiales sont GP, prononcé en anglais «Dji pi», devenu par la suite Jeep. Disposant de quatre roues motrices, il est parfaitement adapté pour les usages en off-road surtout les terrains accidentés.

Le constructeur a lancé, à partir de 1945, un modèle civil. Il est équipé d’un hayon, d’une roue de secours fixée sur le flanc, de phares plus volumineux. Il sera ensuite décliné en de nombreuses versions : Jeepster (1948-1951) avec des panneaux latéraux à la place de vitres, CJ-3A (1949-1953), équipé d’un pare-brise d’un seul tenant, CJ-3B (1953-1968), avec une calandre et un capot plus haut afin de loger le nouveau moteur «Hurricane». La CJ-5 (1955-1983) est dérivée de la Jeep de la guerre de Corée : ses ailes avant ont été arrondies. Au cours des années 60, le constructeur lancera des modèles avec des noms de guerre comme Gladiator (1963) ou Commando (1967).
En 1953, Jeep est rachetée par Kaiser, avec lequel elle fusionne. Trois ans plus tard, la société est reprise par American Motors Corporation (AMC), un nain par rapport aux Big Three.
En janvier 1979, Renault qui cherche à établir une tête de pont aux États-Unis, se porte à son tour acquéreur d’AMC. L’entreprise sera cédée en 1987 à Chrysler. Une décennie plus tard, le géant américain sera absorbé par l’allemand Daimler. Mais la crise de 2008 sera fatale à Chrysler. La firme fusionne avec Fiat et devient FCA (Fiat Chrysler Automobiles).
Les modèles Jeep devront partager les plateformes, les motorisations et les équipements des voitures du groupe Fiat. A titre d’exemple, Jeep Renegade est fabriquée sur la base de la plateforme de Fiat 500. La marque devrait connaitre de nouvelles orientations avec la fusion entre le Groupe Fiat et PSA qui a donné naissance à Stellantis.
Reste à signaler que Jeep s’est forgée une renommée qui lui vaut aujourd’hui les faveurs d’un public conservateur en quête d’authenticité.