Edito : Risque numérique !

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Nul n’ignore aujourd’hui que tous les secteurs de l’industrie et des services mettent en œuvre des moyens et des infrastructures numériques pour booster leur business. Et bien sûr, les constructeurs automobiles suivent la tendance à pas de charge, plaçant un grand espoir, mais aussi des investissements astronomiques, dans ce nouveau filon qui constitue un formidable argument marketing. Observez comment de nombreux systèmes électroniques et numériques, jadis proposés exceptionnellement par des voitures prestigieuses, sont aujourd’hui disponibles sur des véhicules moyenne gamme. A titre d’exemple, la plupart des fabricants automobiles, conscients du plaisir irrésistible procuré par la manipulation – scrolling – des appareils, ont mis en place des écrans tactiles qui permettent de naviguer entre les différentes fonctionnalités : gestion des terminaux multimédias, climatisation, réglage des modes de conduite… ainsi que la connectivité.

Avant d’acheter une voiture, les clients s’intéressent aux questions de design, de la fiabilité, du confort, de la consommation, des équipements… et plus singulièrement la connectivité à bord. Compte tenu du besoin de rester en permanence en contact avec les membres de leur famille, leurs collègues, leurs amis… les conducteurs se font séduire par les véhicules offrant les interfaces de connectivité les plus fiables, rapides et efficaces. Pour certains, il ne s’agit plus d’un simple accessoire, mais d’un outil de travail qui transforme leur bagnole en un bureau roulant.

Le constat est sans appel, l’intrusion des systèmes numériques, des appareils multimédias et des smartphones a littéralement métamorphosé la perception de la conduite et le comportement des conducteurs. Il va sans dire que lorsqu’on utilise ces dispositifs, nous oublions que nous sommes en train de conduire et tous les dangers qui en découlent. Quelqu’un qui rédige ou lit un SMS sur son smartphone en conduisant n’est pas à l’abri au mieux d’un accrochage, au pire d’un accident mortel. Malheureusement, plusieurs conducteurs ne trouvent aucun mal à échanger avec d’autres personnes qu’ils vont bientôt rencontrer et pouvoir s’entretenir avec elles en toute sécurité. Il n’est pas étonnant de voir un conducteur rédiger, envoyer et carrément appeler son interlocuteur pour s’assurer qu’il a bien reçu le message, alors qu’il va le voir dans quelques instants. Aussi, il y a ceux qui n’arrêtent pas de changer les titres musicaux de la playlist, consulter la messagerie, réagir à chaque alerte des réseaux sociaux… Ignorant que ce genre de distractions fait baisser leur niveau de vigilance.

Selon plusieurs études réalisées en Europe, les informations prises en un clin d’œil concernant la distance et l’accélération des autres voitures en mouvement sur la route, sont insuffisantes à prédire l’évolution de leur position dans plus d’une seconde. Si une voiture freine, déboîte ou un piéton traverse la route, le conducteur n’aura plus le temps de réorienter le véhicule pour éviter l’obstacle. Il faut souligner que ce constat est valable aussi bien pour la conduite urbaine que sur autoroute.

Moralité, le développement numérique, singulièrement celui de la connectivité, donne la possibilité de rester en contact avec des êtres de son entourage, mais constitue, en même temps, une réelle menace pour soi et autrui.

A bon entendeur !