Edito : Ne perdez pas le contrôle !

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Difficile d’éradiquer les effets d’un fléau sans agir sur les causes qui le produisent. Telle est la maxime qui correspond au dernier bilan des accidents de la route. Lequel demeure bien loin des objectifs visés par la stratégie nationale de la sécurité routière. Sur les 11 premiers mois de l’année 2018, pas moins de 87 073 accidents ont été recensés dans le Royaume, en hausse de 5,64%. Frappant ainsi des milliers d’innocents, dont la vie se transforma subitement en une misérable existence bouleversée par de graves séquelles physiques et mentales. Seule petite lueur d’espoir, le nombre de personnes ayant perdu la vie à cause des accidents de la route s’est limité à 3 146 individus, soit une baisse de 3,08%. Mais de là à atteindre l’objectif (de – 4% de morts) fixé par les autorités de tutelle, il faut qu’il y ait eu beaucoup moins de sinistres en décembre… En attendant de meilleures nouvelles, il est impératif qu’un bon nombre d’usagers de la route se remettent en question, pour prendre la mesure du risque qu’ils courent et qu’ils font courir aux autres.

Aujourd’hui, prendre la route pour se rendre quelque part dans une ville comme Casablanca, relève du parcours du combattant. On assiste la plupart du temps à des scènes surréalistes animées par des héros sortis tout droit des films d’actions hollywoodiens. Dans un excès de colère, des conducteurs mettent leur vie et celle d’autrui en danger : queues-de-poisson, dépassement sur la file gauche, intimidation par des coups de phares ininterrompus ou encore le vacarme assourdissant des klaxons aux feux rouges… Et, arrivé à destination, on peut toujours être témoin d’une bonne bagarre pour une place de parking !

Quelles que soient les raisons, fussent-elles ultra importantes ou complètement banales, de nombreux conducteurs trouvent le motif de déballer leur mépris et leur profonde haine pour agresser les autres. Et bien sûr, c’est en se comportant de la sorte qu’ils perdent leur sang-froid et peut-être même le contrôle de leur voiture.

Il faut enfin comprendre que les motifs d’emportement, futiles en apparence, masquent un enjeu de reconnaissance. Un conducteur lambda ne considère comme grave le tort qu’on lui fait, que lorsque la conduite de l’autre lui fait penser qu’il n’existe même pas à ses yeux. Autrement dit, l’absence de reconnaissance le rabaisse et pour restaurer sa confiance, il se sent prêt à affronter le risque de la mort.

Moralité, arrêtons de nous provoquer mutuellement et notre vie sera sauve !