Citroën C3 Aircross :%% Un vent de fraicheur !

0
1685

Décalé, branché, audacieux, le Citroën C3 Aircross, au volant duquel nous avons réalisé un aller-retour Casa-Essaouira, fait souffler un vent de fraîcheur sur le segment de plus en plus «embouteillé» et de plus en plus «mainstream» des petits SUV urbains. Revue de détail.

Si vous abhorrez l’aseptisation, ou l’uniformisation, le cousin excentrique du Peugeot 2008 et de l’Opel Crossland X est fait pour vous ! Le look du C3 Aircross relève d’un véritable parti pris stylistique. Il est reconnaissable entre mille, imitant en cela le «fondateur» du segment très en vogue des crossovers urbains, le Nissan Juke, plutôt que les très nombreux rivaux qui y ont débarqué entre 2010, date de lancement du petit frère du Qashqai, et aujourd’hui.

En matière d’excentricité, d’audace stylistique, le Citroën C3 Aircross ne boxe pas dans la même catégorie que ses concurrents. C’est genre Mike Tyson face à des gringalets ! Un carnage ! Il faut dire que la C3, dont ce SUV est un spin-off, est l’une, sinon la citadine la plus «fantasque», la plus originale du marché. Et comme les chiens ne font pas des chats… Telle est la réflexion que votre serviteur se faisait dernièrement tandis qu’il détaillait du regard la voiture d’essai mise à sa disposition par Citroën dans le cadre des essais nationaux du C3 Aircross.

Remise des clés d’un modèle de finition Shine (le haut de gamme), petit brief (à propos du GPS, entre autres) et c’est parti : direction Wind City. Essaouira. Dans la cité des alizés, ralliée après un parcours de près de 5 heures fait d’autoroute et de route nationale, notre crossover urbain est pile-poil dans son élément. Normal, il est grave dans le vent ! Ne manque plus qu’une planche à voile fixée sur les barres de toit et un «guembri» (instrument à cordes pincées cher aux Gnaouas) dans le coffre ou l’habitacle…

Sa bouille très originale lui permet de se démarquer sans peine dans la jungle des crossovers urbains.

Esprit Méhari

Face avant très expressive, marquée par des feux à double étage et par une élégante calandre effilée, qui s’étire jusqu’aux optiques de l’étage du dessus, films striés façon persiennes au niveau des vitres de custode, panoplie du parfait baroudeur (sabots de protection au niveau des boucliers avant et arrière, jupes latérales plus seyantes, rails de toit, passages de roues ourlés d’un plastique brut de décoffrage,  garde au sol rehaussée à 17,5 centimètres, etc.), très vaste offre de personnalisation… Les designers de la firme aux chevrons se sont lâchés.

L’habitacle est dans la même veine. La présentation est épurée, mais en même temps parsemée de détails qui filent la banane. Toute révérence gardée, on se croirait à bord de la version fermée, futuriste et embourgeoisée de l’auguste Citroën Méhari. Les matériaux sont de bonne facture, l’ergonomie tutoie la perfection, l’habitabilité est dans la bonne moyenne du segment, le volume du coffre aussi, qui oscille entre 410 dm3 et 520 dm3 en configuration 5 places, tandis que la connectivité est convaincante.

Pétulance sobre. «Zénitude» flamboyante. Oui, l’habitacle de la C3 Aircross manie avec bonheur l’oxymoron…

Disponible dès la finition intermédiaire Feel, l’écran tactile central de 7 pouces avec fonction Mirror Link, bénéficie sur notre voiture d’essai d’un système de navigation avec cartographie locale. Pour sa part, l’entrée de gamme Live doit se contenter d’un autoradio MP3 avec Bluetooth. Evidemment, la finition haute Shine a droit à plusieurs autres prérogatives : recharge nomade, rétroviseurs rabattables électriquement, jantes alu de 17 pouces (16 pouces sur les deux autres finitions)…

On pourrait penser que le diamètre majoré des roues dégrade le confort de roulement. Ce serait mal connaître Citroën. En plus de ne pas être désagréables à l’œil, les sièges avant sont un remède efficace contre la fatigue au volant, bien aidés, il est vrai, par des trains roulants et des liaisons au sol au-dessus de tout soupçon.

On ne s’en rend pas forcément compte sur autoroute ou sur petite route au revêtement impeccable, terrains sur lesquels on apprécie principalement le confort acoustique du véhicule. En revanche, dès que les conditions de roulage se détériorent et que la route se met à serpenter, la suspension, prévenante pour les lombaires sans jamais faire preuve de mollesse, limite le roulis à sa portion congrue.

Le train avant s’inscrit avec précision en entrée de courbe et ne devient sous-vireur que lorsqu’on pousse la C3 Aircross dans ses derniers retranchements. On note alors de légères pertes de motricité en sortie de virage. Rien d’incontrôlable, toutefois. Et puis ce n’est pas comme si on évoluait sur un tapis d’asphalte ! Le comportement de cette Citroën n’est jamais piégeur. Elle reste bien calée sur ses appuis. Le freinage fait preuve d’une puissance suffisante et se révèle suffisamment endurant. Ce n’est pas une C3 WRC ou une C-Elysée du WTCC, mais il est tout de même possible de se faire plaisir à son volant en toute sécurité.

Un quasi sans-faute

Il est aussi possible de goûter à son volant aux joies du hors-piste malgré l’absence d’une transmission intégrale. Le mérite en revient à la garde au sol généreuse et au Grip Control, système de motricité renforcé déjà vu sur le 2008, qui donne le choix entre différents modes de conduite et qui n’est disponible que sur la finition Shine.

Alors, parfaite, cette C3 Aircross ? Que nenni ! En fait, elle a les défauts de ses qualités. Sa tenue de route est tellement efficace, impériale, qu’on pourrait la trouver sous-motorisée. Pourtant, son 1.6 HDi de 92 ch et de 254 Nm est généreux dans l’effort (vitesse maxi de 175 km/h) et relativement sobre (4 litres aux 100 km en moyenne), même si l’absence d’un sixième rapport au niveau de la boîte de vitesses mécanique se fait ressentir à la pompe suite à une utilisation sur autoroute. Le distributeur local de la marque serait inspiré d’importer la variante 1.6 BlueHDi 120 ch, qui est accouplée à une boîte manuelle à six rapports. Bien entendu, si cela venait à se produire, il faudrait consentir une rallonge par rapport aux 228 900 DH exigés en contrepartie de la C3 Aircross de finition Shine, elle-même plus onéreuse de 32 000 DH par rapport à la version intermédiaire et de 44 000 DH par rapport à la version d’appel.