La nouvelle BMW M5 décuple son potentiel dynamique, histoire de concilier son tempérament intraitable aux plaisirs d’une berline utilisable au quotidien. Voici le verdict à l’issue d’une série d’essais réalisés sur le célèbre circuit du Nürburgring, plus précisément sa boucle nord – Nordschleife.
La BMW M5, considérée comme la routière sportive la plus vendue au monde, entame sa nouvelle vie avec des arguments en or massif. Depuis son lancement en 1984, elle n’a pas cessé de faire preuve de souplesse et d’adaptabilité, se glissant petit à petit dans le moule de la sportivité. Elle partait pourtant de loin ! A ses débuts, elle ne disposait que d’un 6-cylindres en ligne de 286 ch, son gabarit toisait à peine 4,62 m et son embonpoint ne dépassait guère la 1,5 tonne. Depuis, les temps ont bien changé, la M5 aussi. Totalement inédite, cette sixième génération fait table rase du passé, en adoptant des mensurations revues à la hausse (5 m de long) et un poids qui titille les 2 tonnes. Elle accueille également un arsenal technologique trié sur le volet, mettant en œuvre le tout nouveau V8 suralimenté et la transmission intégrale M xDrive. Dire que le mode 4-roues motrices signe l’arrêt de toute une époque de «propulsion» intimement liée à l’histoire des sportives béhème… c’est un pur euphémisme.
Pour se maintenir au sommet de son art, la M5 redouble donc d’effort, et adopte deux autres dispositifs jusque-là dédiés au confort plutôt qu’à la sportivité : la boîte de vitesses M Steptronic et la suspension hydraulique. Lesquelles s’assortissent, néanmoins, de fonctionnalités susceptibles de doper le plaisir de conduire… Mais avant de prendre le volant, faisons le tour du propriétaire.

La force tranquille
Dès le premier abord, on se rend compte que les exigences stylistiques demeurent très strictes. A l’avant, les larges entrées d’air sont indispensables pour aérer le monstre (V8) dissimulé derrière le double haricot, flanquée du logo M5. Le profil, en revanche, se distingue par des pneus taille basse, dont les jantes (20’’) laissent entrevoir les étriers carbone/céramique, siglés «M». L’arrière, de son côté, s’acoquine de l’immense diffuseur encadré de 4 sorties d’échappement. Ici, pas de spoiler proéminent ni de becquet disgracieux, une discrète lèvre sur l’extrémité du capot joue pleinement le rôle d’appendice aérodynamique. Ajoutez à cet attirail plutôt discret, un toit en carbone et vous obtenez une sportive prête à croquer le bitume…. La beauté des lignes, c’est bien, la tenue de route, c’est encore mieux !

Survivre à l’épreuve
Pour tirer toute la quintessence de cette berline au tempérament de GT, BMW a organisé des tests grandeur nature sur le mythique circuit du Nürburgring, l’un des plus exigeants au monde, qui compte pas moins de 20,8 km et 73 virages, au total.
Plusieurs ateliers, supervisés par des instructeurs aguerris, donnent un réel aperçu des capacités dynamiques de l’engin. L’essai de la BMW M5 débute par l’exercice de slaloms, histoire de vérifier qu’elle réagit impeccablement à la technique de «l’appel contre appel», en jonglant entre les plots. Suivi de l’épreuve du freinage d’urgence, pour se rendre compte de la courte distance stoppant net le véhicule. Il faut signaler qu’au démarrage, la BMW M5 roule en mode 4WD. Mais dès que l’on écrase l’accélérateur, l’aiguille du compte-tour s’envole dans la zone rouge et les 600 ch de la cavalerie se répartissent entre les deux essieux avec une prépondérance pour l’arrière.

Le virage des légendes
Les exercices en rapport avec l’agrément de moteur, la suspension, le drift… et bien d’autres rendent compte des progrès auxquels s’est élevée la grande berline allemande. Dans la foulée, nous étions confrontés à une épreuve plutôt insolite ! Direction le virage Niki Lauda, le plus dangereux de tous, où il faut faire preuve davantage de dextérité afin de ne pas perdre la trajectoire à l’entrée, de bien se maintenir au milieu avant de quitter la courbe sur un filet de gaz. Face à la difficulté de cette épreuve, l’intervention des aides à la conduite devient plus palpable à toutes les étapes, tandis que le bon calibrage de la suspension hydraulique constitue un autre gage de sécurité.

Conduite à la carte
Autre sophistication bienvenue, la béhème fait appel à la boîte M Steptronic ZF à 8 rapports qui parvient à encaisser les 750 Nm du couple, en égrenant les rapports dans une fluidité imperceptible… Néanmoins, les amateurs de drift souhaitant transformer la M5 en réelle voiture de course peuvent sélectionner le mode de conduite Sport Plus (désactiver l’anti-dérapage) et activer le «bouton rouge», M2, situé derrière le volant. La M5 s’étant ainsi métamorphosée en vrai bolide de course, le pilote décide alors de lui-même s’il veut placer le bolide sur sa trajectoire ou de brûler la gomme en s’autorisant quelques drifts sensationnels.

Légèreté et agilité
Bien qu’elle ne prenne pas l’allure d’un mastodonte en apparence, la M5 affiche un excellent rapport poids/puissance, soit 3,1 ch/kg, compte tenu de l’utilisation à profusion de l’aluminium. Résultat, les performances sont franchement démoniaques : la vitesse maxi peut atteindre 305 km/h (bridée à 250 km/h), alors que le 0 à 100 km/h s’expédie en 3,4 s. Et bien sûr, tous ces exercices s’accompagnent du sifflement du double turbo qui souffle dans les 8-cylindres, doublé de l’envoûtante sonorité dégagée par les 4 sorties d’échappement. Ajoutez à cette symphonie, le crissement strident de la gomme sur le bitume…
En définitive, la BMW M5 offre un paquet de plaisirs auditifs, tactiles, visuels qui permettent, somme toute, de retrouver le feeling des belles mécaniques signées BMW. Et voilà que notre inoubliable journée avec l’athlète allemande sur le mythique circuit de Nürburgring touche à sa fin.
